mardi 13 mars 2007

0 * animisme à marseille > JE SUIS LE ROI

Je suis le roi. Je me hasarde hors de mon trou, en quête de miettes. Y'a urgence, faut agir avant la voirie, police des immondices. Bénis soient les jours de grèves, les hommes fluo qui font piquet, c'est banquet garanti. Aujourd'hui, ils bossent, faut faire fissa pour pas se voir imposer Carême. Ici pour partir en goguette, faut prendre des risques. La circulation est dingue, je traverse en vitesse, direction la benne... débordante. Ordures mal emballées, les marseillais me mâchent le travail : y'a pas à ouvrir, suffit de se servir. Mouches, sacs de couches, de bouffe, faut trier. Les dates de péremption font mon bonheur, tant de denrées jetées pour avoir passé l'heure. Le gâchis fait de moi un nanti au petit paradis du détritus . Mais dans cette ville, y'a de la concurrence sur la grapille. Les mouettes, et d'un. Mais ici même des humains ont faim. Quand l'estomac grouille, faut se résoudre à la fouille et la poubelle devient garde-manger. Et on s'y habille, on s'équipe, politique de la seconde main, la tête basse. Sous le regard des passants, plonger dans les épluchures et laisser se souiller sa dignité. Même moi qui y suis destiné, j'attends la pénombre pour venir manger. Je plains les humains d'en être arrivés là. Ce qui m'étonne encore c'est que je fais plus peur que ces gens-là. Les riverains s'accomodent, aveugles à la détresse de leurs congénères, ni chaud ni froid. Mais me croisant, ils bondissent, moi qui pourtant ai visa pour la poubelle devant l'éternel. Enfin, moi je me plains pas, j'ai biologiquement le vice de l'immondice. Je suis fait pour ça. Je suis le roi, le roi des rats.

Aucun commentaire:

Question de territoire & instinct de propriété

Tous droits réservés. Toute utilisation de l'oeuvre ou d'une partie de l'oeuvre doit faire l'objet d'une demande préalable auprès de l'auteur qui peut donner ou non son consentement. (Articles L.111-1 et L.123-1 du code de la propriété intellectuelle)