jeudi 11 octobre 2007

12 ~ NENE : A volonté

La politique salariale de Néné
C'est "à volonté".
De quoi avoir le sentiment malsain
D'être un carpaccio de bistrot romain.

Néné veut consommer le salarié
Autant que ça lui plaît.
Je vais développer l'analogie
Pour bien mettre les points sur les i.

Pour le bas prix d'un menu
Il te consomme
Jusqu'à ce que son estomac signifie le refus.
Il te goûte, te sale, te poivre, te bouffe
Avant même que t'es pu dire "ouf".
Et de demander : "une autre assiette s'il vous plaît !"
L'autre assiette, c'est ta première heure supplémentaire de la semaine.
Pour raison de service.

"Serveur, assiette !"
Quel appétit Néné,
T'as la panse en transe, on dirait !
Et là c'est tes vacances qui sautent.
Pas le premier lundi ou le vendredi final
Non, non, juste le mercredi central.
Je peux refuser ?
Néné se gondole : "t'as déjà vu un bœuf autorisé à reculer pour pas qu'il soit tranché ?
J'ai pas le choix donc, juste par solidarité avec le bovidé.

"Assiette !"
Le serveur se lasse et Néné s'agace.
Fin de la politesse,
Et que le flux de viande jamais ne cesse.

"Assiette !"
"Assiette !"
Néné s'emballe :
"Donnez m'en deux, ça ira plus vite
Vu que vous êtes pas du genre qui s'agite."
Le serveur balance 2 assiettes de cru
Et pour moi ça veut dire que c'est tout vu,
Le pont du 1er mai je peux m'asseoir dessus.

La viande rouge excite le prédateur
Néné perd toute pudeur.
Il déboutonne son col de chemise, desserre sa ceinture en skaï
Et continue sa ripaille.

Du bœuf émincé,
Encore, encore,
De l'assistante esclavagisée,
Encore, encore.

Bœuf et petite meuf presque le même combat
Pour 17 euros les X assiettes, on le bute,
Moi, c'est pour 8,44 euros de l'heure bruts.

Alors moi l'assistante
Arrivée au dessert
Après tant d'années de dévouement, d'efforts
Je suis épuisée, j'ai les nerfs.
Et pas à tort.
J'ai tout donné, fait toutes les concessions
Néné m'a dévorée sans modération.
Et la peau sur les os,
Je prends enfin 2 jours de repos.

Pendant ces courts congés suppliés
Je me ressource en campagne isolée.
De la fenêtre je vois un animal.
Charolais ou pas j'y connais rien
Mais son regard ressemble au mien.
Une envie de vengeance
Que je connais bien.

Est-ce un rêve ?
Je l'entends qui me dit
De me saisir du fusil
Et de la hâcheuse aiguisée
Pour faire un tartare à la viande de Néné.

Est-ce un rêve ?
Je le fais,
Prenant soin d'épargner la tête.
Pour pouvoir l'empailler.

Est-ce un rêve ?
Le bœuf et moi
On a trouvé ça drôle de l'envoyer au serveur du bistrot.
Partisan de notre lutte désespérée,
Il l'a accrochée dans la salle du resto.
Du pur design !
Entre les faux tableaux Renaissance italienne
Et la pacotille en dorure
La bobine de Néné semble surgir du mur.

Est-ce un rêve ?
Oui.
Faut nous excuser, le serveur, le bœuf et moi
On en a marre.

Marre de Néné
Marre d'être coupé, rompu, tranché, cassé.

Simplement marre.
Marre de ce cauchemar.

Et on a trouvé ça
Simplement marrant.
Marrant de faire semblant.




[Fais pas la tête Néné ! ;-)]





Pour la peine, une recette de carpaccio végétarien :

Question de territoire & instinct de propriété

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