jeudi 29 mars 2007

2 * animisme à marseille > LA JETEE FREMISSANTE

Il(e) était une fois
Une érotique jetée
Qui, par des circonstances
De subtiles mouvances
Et de hasards tectoniques,
Soudain se retrouva : réfugiée politique.
D'inspiration pretty britannique.
Depuis, bien que frôlant l'horizon,
A sa surface, plus le moindre frisson.
Mue en île,
Elle se sent larguée, échouée, vile.
Loin de tout bled.
Damned.
Privée de tout espoir sensuel.
Bloody hell.
En manque de caresses,
Elle hurle sa détresse.
Sa voix rauque et chaude
Désormais accentuée
Jaillit le soir des profondeurs abîmées.
Elle tente le flirt de la dernière chance
Avec un vieux récif aux relents d'algue rance.
« Hey Cliff, mon doux, mon roc,
Rendez-vous at crépuscule
And please for goodness sake, do not hesitate :
Enchaîne-moi,
Attache-moi de ton collier d'écume
Et fais de moi
Your péninsule. »

jeudi 15 mars 2007

2 ~ NENE : La cécité

Néné est sensible.
Il a besoin qu’on l’aime
FORT.
Ceci étant dit
Voyons en quoi
Le défi s’avère
Sévère.
Néné est une plaie
Inapte au respect.
Un tel prédicat
Met haut la barre.
Moi finie la berne
En ce qui me concerne
J’affirme, j’assène
A corps perdu
Que Néné ne m’a jamais vue.
Pas pas regardée,
Je dis :
Pas vue.
Négligeable
Je ne fais qu’un avec la succursale.
Un tiers de jour
Cinq fois la semaine
Et pourtant
Il pourrait
Manifester une berlue
Et ne pas me reconnaître
Dans la rue.
Néné, enfin,
Je suis ton employée, ta salariée, ton assistante !
Voit toujours rien,
Ne voit que lui.
A croire
Que je suis derrière une putain
De glace sans tain.
J’ai beau la ramener,
Abuser de mon stabilo,
Coller moults post-it
Il ne sait pas que j’existe.
Je suis posée là,
Suis pas un mammifère,
Ni même un être vivant,
Juste un chien de céramique,
Chimérique.
Encore que c’est me donner beaucoup d’importance.
Souvent je pense
Etre une évanescence
Subtilement effacée
Derrière l’écran de veille
De Néné.
Alors quant à l’aimer
C’est difficile
Qui serait prêt à concéder
Un peu de sentiment
De pathos
A ce monstre à l’émotivité de blockhaus ?
J’ai renoncé
Aimer à mes dépens
Jamais, Néné !
Tu m’entends ?

mercredi 14 mars 2007

1 * animisme à marseille > LA MOUETTE QUI VOULAIT TRAVAILLER

Comme toute fille basique,
Indépendante et fière,
Je veux porter de l'acrylique,
Des talons, pas de plume.
Du mauve, et pas de blanc.
Me vêtir "classique" juste pour le faire croire
Ou vulgaire ostentatoire.
Mais pour gagner ces droits
Que chacun a, ici bas,
Ce serait bien qu'on m'autorise
A faire autre chose que les pare-brise.
Moi je veux bosser, mériter un salaire
Faire ma vie, la belle affaire.
Je me démène
Mais me heurte sans cesse
A un problème de nom, de faciès.
Oui je l'avoue, pour être honnête,
Je suis une mouette.
Mais au nom de quoi, de qui
Devrais-je me contenter
A vie pérenne
De ma cité aérienne ?
Là-haut je me sens seule, j'ai le vertige
Que des oiseaux, rien ne bouge, tout se fige.
Alors j'en brasse de l'air
Pour sortir de cette galère.
Mais toute mouette inspirée que je suis
Va-t-en gagner ta vie
Quand dans ta ville
T'es stigmatisée volatile.
Je suis capable d'autres choses,
J'y suis pour rien dans mon origine.
Pour des coordonnées citées
A ma candidature
On répond "no futur".
A chaque courrier
Je me fais sans appel
Couper les ailes.
Mon curriculum, oui, il détonne !
Mais je comprends pas qu'il affole
S'il te plaît : extrapôle
J'ai d'autres compétences que le vol.
Faut juste me donner l'opportunité.
J'ai pas l'air d'ici
Et pourtant j'en suis
Je traîne pas là en séjour touristique.
Et toi qui vends du rêve, de l'exotique
Tu ne m'embauches pas
Parce que ta clientèle aurait peur de moi ?
Te trouve pas des excuses,
Envisage-moi plutôt comme un oiseau rare
Un être à part :
T'en as beaucoup, toi, dans ton entourage
Qui en savent autant sur le plumage et les nuages ?
Donne-moi ma chance
Et tu verras
Qu'une mouette ambitieuse
Et racée
Fait autant l'affaire
Qu'une minette lumineuse
Standardisée "beaux quartiers".

mardi 13 mars 2007

1 ~ NENE : La punaise

Loin de moi l'idée d'insulter Néné.
J'veux juste parler de punaise.
C'est vrai qu'entre l'insecte qui pue quand on l'aplatit et Néné
Pourrait y avoir connection.
Mais bref.
Ce que je voulais dire c'est que Néné est un maniaque de la punaise.
Lui faut des boîtes de tous les calibres, couleurs, métaux.
Un vrai entomologiste.
Ce qui est con, c'est qu'il interdit les trous dans les murs,
Rapport à la caution du local qu'on pourrait perdre.
Régulièrement il me passe commande.
Et en 24h chrono faut que les punaises demandées
Soit livrées.
Celles qui ploient sous l'effort doivent être retournées et remboursées.
A 1,50 la boîte, t'as le droit d'être un peu gênée.
Surtout qu'au fond d'un tiroir qu'elles ploient ou pas
On s'en balance un peu.
Mais bref.
Retour à la connection.
Imaginons,
Si Néné un jour est aplati
(De services en renvois d'ascenseur
Un accident de monte-charge ça existe)
Dégagera-t-il une puanteur ?
Difficile de statuer sans risquer la diffamation,
Je préfère me méfier, des fois qu'en fait de punaise
Il soit plutôt du genre mouflette susceptible,
Prête à lâcher.
Par prudence donc
Je m'en tiendrais à ça :
Néné,
A défaut de te voir écrasé
J'opterai pour le crevé.
Je te sèmerai un jour, promis,
Ta collection sous les roues de ton van.
Et je me marrerai de te voir échoué dans le caniveau,
A pas savoir quoi faire de ton crick.
Je me fendrai la poire
Jusqu'à ce que tu m'envoies chez Norauto
Changer les 4 pneumatiques,
Déclaration de préjudice à l'assurance,
Consultation d'avocat,
Prospection de garde rapprochée,
Et autres bonheurs administratifs
Qui me feront rester plus tard,
Dans ce bureau-mitard.


0 ~ NENE : Le petit patron

Néné s'est fait homme et est devenu... mon patron
Je ne suis qu'une femme, toute crue prédestinée à devenir... son assistante.

Son boulot c'est sa vie / Mais son boulot c'est moi qui le fais.

J'écris ses courriers / Il rature
Je propecte honnêtement / Il paye des bitures
J'ai le chéquier / Il a la signature
Je monte des projets / Il inaugure.

Concluons que sans moi il ne serait rien / Il ne serait même plus patron d'ailleurs.

On me dit : où est le mal ?
Je réponds : là, ici bas.
Le mal est à la racine,
Racine carrée de son salaire
Egale le mien,
Jamais versé le 31, c'est mesquin.

Un peu de reconnaissance,
Un merci ?
Trêve de mièvrerie !
On est entrepreneur que diable !
Manquerait plus qu'on impose les "s'il vous plaît".
C'est que Néné est un puriste,
Il tient au français.
L'impératif existe en conjugaison
C'est bien pour l'usiter.

Ca y est, j'ai décidé,
Je vais quitter Néné.

Caché derrière son nombril
Il ne me voit pas venir.
A mon départ, j'aimerais le savoir
Perdu, largué, abandonné, ruiné,
C'est illusoire.
Et c'est lui faire concurrence sur les yeux bouchés.
Car lui, le connaissant
Je le sais capable face à cette nouvelle situation,
De se déclarer martyre
Et de finir, au terme de son chemin de croix,
Par se convaincre
Emerveillé
Que de patron il est devenu divinité.

ANPE, réseau,
2 mois plus tard,
Remis sur patte,
Néné s'est (re)fait homme et est devenu... TON patron.
Femme au chômage surdiplômée,
J'ai comme l'impression
Que tu vas payer pour tous tes pêchés !

0 * animisme à marseille > JE SUIS LE ROI

Je suis le roi. Je me hasarde hors de mon trou, en quête de miettes. Y'a urgence, faut agir avant la voirie, police des immondices. Bénis soient les jours de grèves, les hommes fluo qui font piquet, c'est banquet garanti. Aujourd'hui, ils bossent, faut faire fissa pour pas se voir imposer Carême. Ici pour partir en goguette, faut prendre des risques. La circulation est dingue, je traverse en vitesse, direction la benne... débordante. Ordures mal emballées, les marseillais me mâchent le travail : y'a pas à ouvrir, suffit de se servir. Mouches, sacs de couches, de bouffe, faut trier. Les dates de péremption font mon bonheur, tant de denrées jetées pour avoir passé l'heure. Le gâchis fait de moi un nanti au petit paradis du détritus . Mais dans cette ville, y'a de la concurrence sur la grapille. Les mouettes, et d'un. Mais ici même des humains ont faim. Quand l'estomac grouille, faut se résoudre à la fouille et la poubelle devient garde-manger. Et on s'y habille, on s'équipe, politique de la seconde main, la tête basse. Sous le regard des passants, plonger dans les épluchures et laisser se souiller sa dignité. Même moi qui y suis destiné, j'attends la pénombre pour venir manger. Je plains les humains d'en être arrivés là. Ce qui m'étonne encore c'est que je fais plus peur que ces gens-là. Les riverains s'accomodent, aveugles à la détresse de leurs congénères, ni chaud ni froid. Mais me croisant, ils bondissent, moi qui pourtant ai visa pour la poubelle devant l'éternel. Enfin, moi je me plains pas, j'ai biologiquement le vice de l'immondice. Je suis fait pour ça. Je suis le roi, le roi des rats.

Question de territoire & instinct de propriété

Tous droits réservés. Toute utilisation de l'oeuvre ou d'une partie de l'oeuvre doit faire l'objet d'une demande préalable auprès de l'auteur qui peut donner ou non son consentement. (Articles L.111-1 et L.123-1 du code de la propriété intellectuelle)